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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/281

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étaient parcourues par les visiteurs. La journée semblait vouloir être brûlante l’air était muet comme le feuillage. Il y avait dans l’atmosphère une sorte de torpeur qui nous gagnait petit à petit, et nous nous sentions fatigués comme si nous venions d’achever une pénible course. Tout à coup, deux superbes chiens qui nous accompagnaient et jouaient dans les contre allées s’arrêtent et poussent ensemble de douloureux aboiements. On veut leur imposer silence, on les menace, on les rudoie, ils ne changent point de place, et leurs cris deviennent plus fréquents, plus endoloris.

— Ce sont les tristes symptômes d’un ouragan, dit le colonel, allons nous barricader.

— Non, ce n’est point ainsi que hurlent les chiens, répondit sa femme, quand la tempête nous menace ; et cependant j’ai peur.

Un esclave malais accourut en toute hâte et s’écria du plus loin qu’il put se faire entendre :

— Lion ! lion là-bas ! sur les bords du fleuve, un gros, un terrible lion !

— Raison de plus pour nous barricader, poursuivit le colonel ; rentrons, mes amis, et armons-nous : le lion est un importun visiteur.

Les solides portes de l’habitation furent fermées en effet ; les esclaves en armes veillèrent au rez-de-chaussée, et nous, impatients de bien recevoir un pareil hôte, nous montâmes dans la galerie à petites flottilles qui dominait le Gange. Un lion monstrueux se promenait gravement sans même regarder autour de lui s’il avait un ennemi à combattre ; il allait à petits