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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/111

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tier jusqu’à la plus fréquentée des routes royales, pour les avoir parcourues en qualité de mozo de mulas, avec mon maître don Valerio Trujano, que je n’ai quitté que pour devenir propriétaire dans la province de Oajaca, » ajouta-t-il en appuyant avec une certaine fatuité sur ce mot de propriétaire.

Clara faisait allusion à un jacal[1] en bambous qu’il avait bâti sur quelques pieds de terrain concédés par le propriétaire de l’hacienda de las Palmas, auquel il se louait pour les récoltes de la cochenille, ce qui explique l’état d’indépendance oisive dont il jouissait une partie de l’année.

« Pourquoi me faites-vous ces questions ? reprit-il.

— Parce qu’il ne me convient pas plus qu’à vous d’aller nous enrôler comme soldats dans l’armée du prêtre Hidalgo. Le descendant des caciques de Tehuantepec peut bien servir, en qualité de chasseur de tigres, un propriétaire de son pays ; mais il ne consentirait jamais à porter l’uniforme.

— C’est cependant bien beau d’avoir des pompons rouges, des habits verts et des pantalons jaunes comme le plus beau juacamayo[2] de ces bois. Je doute, du reste, que le seigneur curé généralissime et capitaine d’Amérique, Hidalgo, ait assez d’uniformes à sa disposition pour vous chercher querelle à ce sujet. Mais, à moins de nous enrôler comme capitaines, je ne vois pas trop, si nous ne sommes pas soldats…

— Ce que nous ferons ? interrompit Costal : nous nous présenterons comme guides, batteurs d’estrade, puisque vous connaissez par cœur une partie du royaume. De cette façon, nous irons et viendrons à notre guise, en quête de la déesse des eaux.

— La déesse des eaux est donc partout ?

  1. Nom que les Indiens mexicains donnent à leurs huttes.
  2. Perroquet.