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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/73

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« Vive Dieu ! se dit l’officier, je serais curieux de savoir en l’honneur de quelle divinité païenne ces deux sauvages se livrent à ces extravagances ; mais j’éprouve un désir plus vif encore de les prier de me remettre dans le bon chemin. »

Alors, pour suppléer à la voix, dont la chute d’eau amortissait le bruit, don Rafael ramassa plusieurs poignées de petites pierres qu’il fit pleuvoir à côté des deux compagnons. Le moyen fut sans doute efficace, car tout à coup l’Indien balaya d’un revers de main les fascines enflammées du foyer, qui s’éteignirent subitement dans l’eau. Tout redevint obscur au fond du ravin ; le nègre et l’Indien (dans lesquels on a dû reconnaître Costal et Clara) disparurent dans les ténèbres au milieu desquelles grondait toujours la cascade, dont la voûte cessa d’être embrasée.



CHAPITRE IV

L’INONDATION.


Pendant que les deux compagnons, l’Indien et le nègre accomplissaient les cérémonies bizarres que nous n’avons décrites que sommairement, telles que les voyait le capitaine des dragons de la reine, la lune s’était levée radieuse, quoique nouvelle comme cela arrive toujours dans ces beaux climats.

Don Rafael venait d’apprendre par sa propre expérience qu’un homme agile ne pouvait guère mettre moins d’un quart d’heure à gravir, à travers la végétation pressée qui les obstruait, les flancs du ravin au fond duquel s’étaient passées les scènes étranges dont le hasard l’avait rendu témoin ; il avait aussi remarqué que