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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/102

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CHAPITRE VI

UNE TRAGÉDIE D’AMOUR.


Déjà le village était à une lieue derrière nous. La route que nous suivions était plutôt un ravin qu’un chemin fait de main d’homme. Nous ne tardâmes pas à entrer dans une forêt de sapins qui s’étendait sur une chaîne de collines escarpées. L’obscurité, épaissie autour de nous par les cimes entrelacées des arbres, était si profonde, que nos chevaux ne pouvaient littéralement avancer qu’à la lueur des éclairs. Dans les intervalles qui séparaient les explosions de la foudre, ils s’arrêtaient immobiles et frémissants. Bientôt l’orage redoubla ; les troncs des sapins craquèrent sous l’effort du vent ; les cavités de la montagne se renvoyaient les éclats du tonnerre en effrayants échos. Puis les éclairs devinrent plus rares, et enfin ces clartés intermittentes, qui jusqu’alors nous avaient permis d’avancer insensiblement, nous furent tout-à-fait refusées. Un dernier coup