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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/104

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si toutefois nous avons su rester dans le bon chemin. Je crains malheureusement que nous ne soyons engagés dans un ravin d’où il serait presque impossible de sortir au milieu de ces ténèbres. Or, dans quelques heures, si la pluie continue, ce ravin ne sera plus un chemin ; ce sera un torrent qui nous emportera comme des feuilles mortes, et alors Dieu veuille avoir nos âmes !

J’avais vu trop souvent dans les campagnes américaines des torrents grossis par les pluies d’orage déraciner des arbres séculaires et entraîner des rochers, pour douter un moment de l’imminence du danger signalé par fray Serapio. À ses sinistres paroles, je ne trouvai qu’une seule réponse à faire, il faut allumer du feu à tout prix. Malheureusement le moine avait laissé son briquet à l’étudiant. Je ne me décourageai point encore, et ne voulant négliger aucun moyen de sortir de ce mauvais pas, je descendis de cheval, je pris dans une de mes mains la longe attachée au cou de l’animal ; de l’autre, j’essayai de me guider en me tenant aux rochers. Je ne tardai pas à me trouver arrêté par un talus escarpé. J’avançai d’un autre côté ; toujours un mur à pic. Forcé enfin de m’arrêter après avoir déroulé la longe dans toute sa longueur, je revins pas à pas près de mon cheval en rassemblant de nouveau la longe dans ma main, et je me remis en selle.