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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/112

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nie des vents, qui soufflaient de tous les points de l’horizon.

— L’eau monte ! s’écria fray Serapio, et nos chevaux seront bientôt sans force contre elle.

Presque au même instant, une eau glacée vint mouiller nos pieds et nous arracher un cri de saisissement. Nos chevaux firent une brusque conversion, et, soit guidés par leur instinct, soit emportés par la force du courant, ils commencèrent à descendre la pente du ravin. Un autre cri de détresse, que le vent nous apporta, nous apprit que le torrent entraînait aussi nos compagnons d’infortune. Un second éclair vint illuminer la forêt et fut suivi d’un éclat de tonnerre qui vibra longtemps dans l’espace. Une odeur sulfureuse se répandit dans l’air ; presque aussitôt, à notre inexprimable satisfaction, un sapin frappé à quelques pas de nous par la foudre s’enflamma rapidement et ne tarda pas à jeter autour de lui une large zone de lumière.

— Nous sommes sauvés ! cria fray Serapio j’aperçois près d’ici un talus moins escarpé que nos chevaux pourront gravir.

Déjà nos compagnons avaient en effet franchi les bords du torrent ; ils nous invitaient, du geste et de la voix, à les imiter. Mon cheval raidissant alors ses jarrets par un effort désespéré, atteignit à son tour le sommet du talus. Je fus suivi de près par fray