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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/132

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sur le seuil des portes soigneusement verrouillées, ou arpentant à grands pas cet espèce de cloître, officiers et bourgeois s’entretenaient des révolutions faites ou à faire, jusqu’à l’heure où les galeries presque désertes servaient d’asile à de plus doux mystères et n’entendaient plus résonner sous leurs voûtes silencieuses que le murmure étouffée de quelque entretien d’amour.

J’errais depuis quelque temps déjà sous les Arcades des Marchands, lorsque la vue d’une échoppe d’écrivain public vint me rappeler le but de ma promenade. Parmi les industriels des Arcades, les écrivains publics forment une corporation considérable. Il ne faut pas oublier qu’au Mexique l’instruction primaire est encore assez généralement négligée, et que les fonctions d’écrivain public, au milieu de cette population illettrée, n’ont rien perdu de leur primitive importance. La plume docile des évangélistes (c’est ainsi qu’on les appelle) est requise pour mille commissions plus ou moins délicates, et souvent assez équivoques, depuis la lettre d’amour la plus banale jusqu’au billet que le bravo écrit à sa future victime pour l’attirer dans quelques ténébreux guet-apens. L’évangéliste que j’avais remarqué parmi ses nombreux confrères était un homme de petite taille, au crâne presque chauve, à peine entouré de quelques cheveux grisonnants. Ce qui l’avait