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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/133

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surtout désigné à mon attention, c’était l’expression de jovialité sardonique qui animait cette physionomie d’ailleurs insignifiante. J’allais me diriger vers cet homme pour lui demander des renseignements sur don Tadeo, lorsqu’un incident, qui se prolongea au-delà de mon attente, vint me contraindre inopinément à reprendre mon rôle d’observateur taciturne. Une jeune fille s’était approchée de l’échoppe de l’évangéliste. De longs cheveux ondés tressés en nattes qui s’échappaient de son voile entr’ouvert, son teint légèrement basané, ses brunes épaules que sa chemise de toile fine, bordée de dentelles, laissait presque nues, sa taille svelte, que n’avait déformée aucun corset, et surtout les trois jupons de couleur tranchées qui tombaient à plis droits sur ses hanches onduleuses, tout décelait dans la jeune cliente de l’évangéliste le type le plus pur de la china[1].

— Tio Luquillas ! dit la jeune fille.

— Qu’y a-t-il ! répondit l’évangéliste.

– J’ai besoin de vous.

— Je m’en doute bien, puisque vous m’appelez, reprit Tio Luquillas, et croyant avoir deviné l’objet du message qu’on allait lui dicter, il déplia avec complaisance une feuille de papier vélin couleur de rose

  1. La china est à Mexico ce qu’était à Madrid la manola et à Paris la grisette.