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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/140

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L’aspect de cette impasse ne justifiait que trop, ainsi que je pus m’en convaincre, la réputation qu’on lui avait faite. Le pâté de maisons dont faisaient partie les Arcades des Marchands, et qui était connu sous le nom d’Impedradillo, ne formait pas une masse compacte. En face, du côté de la cathédrale qui regarde le sud-ouest, s’ouvrait et s’enfonçait dans l’Impedradillo une étroite ruelle : c’était l’impasse. On eut dit une de ces cavernes que creuse parfois l’océan dans le flanc des falaises. Quand, encore aveuglé par les rayons pressés du soleil dont la place est inondée, et qui se brisent en gerbes éblouissantes contre les murs blancs des maisons ou le granit des trottoirs, on pénétrait dans cette ruelle tortueuse et obscure, l’œil, d’abord ébloui, ne distinguait qu’au bout de quelques instants une autre rue qui coupait celle-ci à angle droit et formait avec elle un sombre carrefour. Là, comme dans les cavernes des bords de la mer, on n’entendait plus aucun bruit du dehors, si ce n’est un bourdonnement sourd et triste ressemblant aussi bien à la plainte des vagues agitées qu’au tumulte d’une cité populeuse. Quelques boutiques de cordiers, des portes massives hermétiquement fermées, çà et là quelques obscurs couloirs entr’ouverts, rappelaient seuls qu’on est dans une ville et au milieu de maisons habitées. Les murs suintaient, une humidité perpétuelle régnait partout, et ce n’était guère qu’à midi, à