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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/146

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dement le vestibule, et après avoir monté un escalier assez raide, nous nous arrêtâmes devant une portière en serge, surmontée d’un transparent flamboyant sur lequel on lisait ces mots en lettres gigantesques : Sociedad Filarmonica. Des voix, des cris confus s’échappaient de la salle qu’annonçait ce titre ambitieux.

— Sont-ce vos clients qui mènent un si grand bruit, seigneur licencié ? demandai-je à don Tadeo.

Sans me répondre, celui-ci souleva la portière de serge verte, et nous nous trouvâmes dans une vaste pièce assez mal éclairée. Une large table, couverte d’un tapis vert et entourée de joueurs, en occupait le milieu. Avec les quinquets suspendus aux murs, quatre bougies, hautes comme des cierges d’église et contenues dans des tubes de fer-blanc, complétaient l’éclairage. De petites tables, placées de distance en distance, servaient aux consommateurs, qui pouvaient demander à leur choix soit des infusions de tamarin ou d’eau de roses, soit de l’eau-de-vie de Barcelone. Enfin, dans le fond de la salle s’élevait une haute estrade, ornée de peintures faites à la colle et représentant, pour rappeler sans doute la destination de l’établissement, un grotesque trophée de bassons, de cors de chasse et de clarinettes. On comprendra la surprise que j’éprouvai en mettant le pied dans