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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/197

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Les perroquets, au plumage vert qui se confond avec le feuillage vert, font entendre leurs cris aigus, les oiseaux retrouvent leur voix. Des myriades d’insectes bruissent sous l’herbe, de sourds craquements s’échappent des profondeurs de la forêt jusqu’alors muettes, les plantes semblent secouer leur sommeil léthargique ; et les palmiers darder leurs pointes aiguës. Une dernière transformation commence avec la nuit : les tons de la verdure se confondent graduellement, bientôt une teinte transparente s’étend sur tous les objets. Les ramages divers, tous les bruits cessent l’un après l’autre.

Toutefois le silence qui succède peu à peu aux rumeurs de la soirée n’est pas celui des heures ardentes du jour. La nuit a ses mystérieuses harmonies, quand les voix du crépuscule se taisent. Le vent du soir frémit, à travers les lianes tendues, comme s’il faisait vibrer les cordes d’une harpe éolienne ; les feuilles sèches résonnent faiblement sous la pression des anneaux d’un reptile le cenzontle, le roi des oiseaux chanteurs d’Amérique, répète l’un après l’autre tous les bruits de la solitude, et le cuitlacoche[1], qui se balance sur une

  1. Le cenzontleet le cuitlacoche sont les deux types principaux de la classe des oiseaux moqueurs.