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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/214

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seuil de cette porte, rêvant à des projets insensés, écoutant la voix des arbres et du vent ; une brume blanche voilait le ciel comme à présent ; tout à coup un nuage s’interposa entre mes yeux et les étoiles, ce nuage prit une forme humaine, c’était celle du défunt ! Je le vis distinctement, debout devant moi ; je fermai les yeux ; quand je les rouvris, le nuage avait disparu. Vous comprenez maintenant pourquoi, seigneur cavalier, je vous ai demandé, à vous qui, en votre qualité d’Européen, devez être un savant, si les créatures humaines pouvaient évoquer les morts.

Les idées superstitieuses n’ont guère cours au Mexique ; toutefois la race des Jarochos semble en avoir gardé le monopole. Les sorciers, les revenants, les talismans, les maléfices, jouent un grand rôle dans leurs traditions locales. Il me fut impossible de persuader à mon hôte que, dans la solitude, les imaginations ardentes se forment mille chimères, et n’échappent pas toujours à de véritables hallucinations. Calros secouait la tête d’un air incrédule. Mes doutes sur la puissance d’évocation attribuée aux sorciers ne réussirent qu’à modifier ses croyances.

– Je veux bien, me dit-il, que l’ombre de mon parent n’ait point été évoquée par un pouvoir humain ; mais c’est Dieu même qui me l’a envoyée.