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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/225

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étaient chaussés de bas de soie à jour et de souliers de satin, une tresse de ses cheveux entourait, dans de noirs replis, un peigne d’écaille rehaussé d’or massif. Ses paupières, baissées sous les regards de feu qui de toutes parts se dirigeaient sur elle, laissaient voir les longs cils dont elles étaient ornées. Ce n’était plus cette calme beauté que j’avais admirée la veille aux rayons de la lune ; c’était, aux feux du soleil, la beauté ardente de la fille des tropiques dans son plus brillant éclat.

Dès ce moment, à l’excitation produite par des libations multipliées, et qui grandissait à chaque moment sous l’ardeur dévorante du ciel, vint se joindre parmi les spectateurs une excitation d’une nature toute différente et plus terrible encore.

— Ah ! disait à côté de moi un Jarocho dont les cheveux commençaient à grisonner, au dernier fandango de Malibran, Quilimaco a perdu une de ses oreilles, et Juan de Dios le bout du nez pour une belle qui ne valait pas une seule boucle des cheveux de celle-ci.

— Patience, répondit un autre, la belle Sacramenta doit avoir plus d’un prétendant dans ce village, et je vous prédis qu’avant ce soir elle aura fait danser le sabre et la ceinture de deux au moins d’entre nous.

J’écoutais ce dialogue sans trop le comprendre ;