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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/227

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accordait pas même une œillade en retour de ses regards passionnés.

— Vous le voyez, me dit-il à voix basse ; espérer hier, désespérer aujourd’hui, tel est mon sort ; aussi nous partirons demain.

Ces derniers mots trahissaient une douleur si poignante, que je maudis de bon cœur l’impitoyable coquetterie de celle qui se jouait ainsi de son amant.

— Ah ! reprit-il, elle ne m’a pas pardonné ce maudit nœud de rubans rouges que je n’ai pu me procurer.

En ce moment, son antagoniste s’avança vers l’estrade, et, se découvrant, il présenta son chapeau à Sacramenta d’une manière tout à fait galante. Celle-ci le reçut le sourire aux lèvres, sans interrompre en rien les évolutions commandées par la danse. La figure de Calros resta impassible ; il se contenta de faire à l’un de ses partisans un geste presque imperceptible. Celui-ci, s’avançant à son tour, présenta également son chapeau a la danseuse. Les convenances exigeaient qu’en pareil cas la femme ne montrât de préférence pour aucun des deux hommes elle continua donc de danser en tenant les deux chapeaux à la main. L’avantage de voir son chapeau placé sur la tête de la danseuse devait appartenir au troisième galant qui saisirait