s’accomplissait la prédiction dont j’avais en vain cherché d’abord à deviner le sens : Sacramenta dansait avec le sabre et la ceinture de deux de ses prétendants. C’était un bizarre coup d’œil que cette lame étincelant au soleil sur l’épaule nue de la jeune fille et près de son sein palpitant, que vinrent bientôt couvrir des flots de cheveux déroulés sous le poids du chapeau qui lui servait de coiffure.
La foule se taisait ; il y avait parmi elle une anxiété semblable à celle qui règne dans un cirque de taureaux quand le sang a mouillé l’arène. Tout à coup une voix mâle, imposante, s’écria près de l’orchestre : Bomba[1] ! Les chants cessèrent aussitôt, les cordes des instruments vibrèrent aigrement ; cette voix était celle du rival de Calros, qui chanta les vers suivants :
De tu voluntad, confio,
Pero fiel te he de advertir
Que si erej la vida mia,
No me dej en que sentir,
Si me quierej alma mia[2].