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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/230

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Les adhérents du Jarocho répétèrent en chœur le dernier vers. Frappant alors avec force sur le bois de la guitare de l’un des musiciens. Calros s’écria d’une voix retentissante : Letra, et il reprit, comme début d’un nouveau couplet, le dernier vers répété par le chœur :

Si me quierej alma, mia,
No quieraj otro conmigo.
Que si compartej tu amor,
No quiero amor compartido.
Hay en campaña un traidor[1].

Ce fut au tour des amis de Calros de répéter en chœur :

Hay en campaña un traidor.

À mesure que le moment approchait où les passions contenues des deux rivaux allaient faire explosion, les figures, par une affectation de courtoisie chevaleresque, se couvraient d’un masque de tranquillité trompeuse.

Rentré dans le groupe qui lui était dévoué, pendant le dernier couplet qu’avait chanté Calros, son

  1. « Si tu m’aimes, ô mon âme, — n’aime personne avec moi. – Que si tu partages ton amour, — je dédaigne un amour partagé ! — Il y a un traître en campagne. »