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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/233

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— C’est une honte, Calros, s’écria la vieille femme, d’accepter ainsi, au préjudice de votre parole, une querelle sans motif, tandis qu’un de vos parents traîtreusement tué n’a pas encore été vengé.

Calros avait accueilli avec un air d’évidente contrariété cette intervention intempestive : aussi fit-il tous ses efforts pour conjurer l’interdiction qui allait clouer son sabre à son côté ; mais la vieille, se bornant à rappeler l’engagement sacré pris par le Jarocho, opposait à toutes ses raisons une réponse invariable.

– Eh ! mon Dieu ! Josefita, dit enfin Calros d’un air de bonhomie, vous faites là beaucoup de bruit pour rien, et vous méconnaissez mes bonnes intentions, car c’est dans l’intérêt du défunt que j’agis ainsi ; pour porter des coups plus sûrs à son meurtrier, n’est-il pas indispensable que je m’exerce la main ? Et c’est vous qui vous y opposez ?

— Et si un revers fait tomber cette main sur le sol, reprit la vieille avec un air de triomphe, qui vengera mon fils ?

– Ah ! ceci est sans réplique, répondit Calros mis hors de garde par cet argument ; mais c’est égal, les femmes embrouillent toujours les affaires. Alors, qu’on me remplace ; continua-t-il d’un air de mauvaise humeur, si mon adversaire y consent toutefois.