Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

– Allons, don Calros, vous ne manquez pas sans doute d’amis qui voudront vous remplacer ? reprit-il.

Au premier mouvement d’enthousiasme avait succédé un profond silence. La perspective de payer de sa personne et de sa bourse ne paraissait bien vivement sourire à aucun des assistants, et je n’étais pas sans une certaine appréhension moi-même que mon hôte n’en revînt à son idée fixe de me prendre pour suppléant. Heureusement un incident inattendu vint sauver l’honneur de la population de Manantial.

Par la route que j’avais suivie la veille, un étranger s’avançait vers nous au pas le plus rapide d’un cheval qui avait, comme tous ceux de Tierra-Caliente, le cou allongé et une allure des plus pacifiques. Tous les yeux se fixèrent sur le nouveau venu, qui paraissait étranger au village, et dans lequel je reconnus seul le Jarocho qui avait interrompu ma partie avec Cecilio. Satisfait d’avoir arraché quelques courbettes à sa paisible monture, l’étranger mit pied à terre et l’attacha, sans proférer une parole, à l’un des piliers de bois d’une maison voisine ; puis, toujours silencieux, il revint près de l’estrade, tira son sabre à la poignée duquel flottait un nœud de rubans rouges, s’en servit pour tracer un rond sur le sable, et le cloua