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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/255

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Ventura. Quelque mots qu’il lança à travers un porte-voix n’arrivèrent pas jusqu’à nous ; mais une corde qu’il tenait à la main ne laissait aucun doute sur le sens de ses paroles. Ventura demandait qu’une embarcation mise à l’eau vînt chercher le bout de cette amarre. L’entreprise était impraticable. L’appel du pilote demeura sans réponse. Nous vîmes alors, au milieu des gerbes d’écume qui couvraient le beaupré de la goëlette, une barque descendre le long du bord, puis quelques hommes s’y laisser glisser. Nous allions assister à la dernière et à la plus triste scène de ce drame maritime : sa barque si péniblement mise à flot, après s’être soutenue pendant quelques minutes au-dessus des vagues disparut au milieu d’un nuage d’écume.

Un seul des hommes montés sur le canot réussit à atteindre en nageant le rivage, et cet homme, tout ruisselant d’eau, presque épuisé de fatigue et de froid, n’était autre que le pilote Ventura. Sans se préoccuper des questions qui se croisaient autour de lui, Ventura, déroulant un cordage qu’il avait attaché autour de son corps, donna l’ordre d’en fixer solidement l’extrémité pour opérer le sauvetage des matelots restés à bord de la goëlette. Cent mains saisirent aussitôt le cordage et le maintinrent avec la force d’un cabestan. Cela fait, le pilote reprit haleine, et ses premiers mots m’expliquèrent le