Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

navire naufragé ne tardèrent pas à arriver successivement sur la grève, non sans peine et sans danger, car à l’heure de la marée la mer grossissait et le vent redoublait de violence. Le bâtiment qui était une goëlette américaine, portait à Alvarado[1] un riche chargement en contrebande, qui allait devenir, selon toute apparence, la proie des flots ou des habitants de la côte ; mais, comme selon les règles de la prudence américaine, la cargaison était assurée pour une somme au moins égale à sa valeur, le capitaine, comprenant que c’était une affaire à régler entre les assureurs et les propriétaires des marchandises, ne songea qu’à demander un gîte et un verre de grog. Les riverains s’empressèrent de lui offrir, ainsi qu’à l’équipage, une hospitalité intéressée avec l’arrière-pensée de profiter sans scrupule, pendant la nuit, des épaves que la mer ne tarderait pas à leur envoyer. Pour moi, je fis emmener mon cheval par l’un des habitants du village, après avoir eu la précaution de passer dans ma ceinture les pistolets qui garnissaient les fontes. Mon intention était de rester sur la grève pour ne perdre aucune des scènes étranges que me promettait le pillage organisé du navire.

Les femmes et les enfants s’étaient retirés, et

  1. Petit port à seize lieues de Vera-Cruz.