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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/258

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on ne voyait plus sur la plage qu’un petit nombre d’hommes qui n’attendaient pas sans impatience le moment où la mer devait rendre une partie du chargement qu’elle avait englouti. Le pilote Ventura fit éteindre les feux, et la grève redevint sombre, sinon silencieuse, car les flots grondaient aussi haut que le tonnerre, dont les montagnes de Tuxtla répercutaient les éclats. Parfois un pâle rayon de lune venait éclairer la nappe d’écume qui couvrait la mer, et laissait entrevoir le navire échoué que les vagues démantelaient sur les rochers.

— Partout où il y a des cadavres, nous dit le pilote en montrant du doigt la goëlette, les vautours noirs ne manquent pas de s’abattre ou les requins de se réunir, et nous allons bientôt voir arriver celui qui a causé la perte de ce navire. Ce serait une honte que d’autres partageassent avec nous ce que la mer envoie sur nos côtes.

Tout restait calme cependant, et, en attendant que les maraudeurs parussent, je pus examiner à mon aise la disposition des lieux. À quelques pas de nous était l’embouchure d’une rivière qui coulait sous un berceau d’arbres touffus. En-deçà de la rivière se trouvait le village de Boca-del-Rio, et entre elle et nous s’étendait une rangée de mangliers formant un rideau qui pouvait, grâce à l’obs-