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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/26

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vu l’impossibilité où tu es de recommencer de longtemps.

Le lépero se tourna vers moi, et, de l’air le plus languissant qu’il put prendre

– Je suis un grand pécheur, me dit-il, et je ne me croirai tout à fait absous que si vous daignez me pardonner les tours indignes que je vous ai joués. Je vais mourir, seigneur cavalier, et je n’ai pas de quoi me faire enterrer. Ma femme doit être avertie à l’heure qu’il est, et ce serait un grand soulagement pour elle, si elle trouvait dans ma poche quelques piastres pour payer mon linceul. Dieu vous les rendra, seigneur français.

— Au fait, dit le moine, vous ne pouvez guère refuser cette faveur à ce pauvre diable, et ce sont les dernières piastres qu’il vous coûtera.

— Dieu le veuille dis-je, sans penser que je faisait un souhait homicide, et je vidai ma bourse dans la main que tendait Perico, qui ferma les yeux, laissa tomber sa tête à la renverse, et ne parla plus.

Requiescat in pace ! dit fray Serapio ; la course doit être bien avancée, et je n’ai plus rien à faire ici.

Nous sortîmes. — Après tout, me disais-je en m’éloignant du cirque, je n’avais pas encore obtenu de Perico des confidences aussi curieuses. Une telle confession me dédommageait amplement du mé-