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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/260

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pas longtemps attendre. Alors les maraudeurs ne purent plus contenir leur impatience. Ils vinrent se poster un à un le long de la grève de façon que rien ne leur échappât. L’homme au caban bleu, qui paraissait être le chef de ces misérables, avait poussé son cheval jusque dans les flots pour mieux surveiller l’arrivée des épaves.

— Quelqu’un de vous a-t-il une carabine à me prêter ? nous demanda le pilote.

Un des assistants lui tendit son mousquet ; Ventura le saisit. En ce moment, la silhouette sombre du chef des maraudeurs et de son cheval, se détachant comme un bloc équestre sur la blancheur des flots, présentait un admirable point de mire. Le coup partit, et nous vîmes le cavalier s’affaisser, puis disparaître sous la vague. Les autres bandits prirent aussitôt la fuite sans attendre une seconde explosion. Un moment après, un homme sortit de l’eau et s’élança sur la grève, la balle que lui avait destinée Ventura n’avait frappé que son cheval. Le pilote courut à sa rencontre pour lui barrer le chemin. Une lutte s’engagea dans les ténèbres. Au moment où nous arrivions pour prêter aide au pilote, il venait d’être terrassé par le maraudeur, dont le poignard avait heureusement glissé sur ses vêtements. Il n’était plus possible de rejoindre ce misérable, qui s’était enfui à toutes jambes après avoir cru