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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/279

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contre le meurtrier. Josefa avait, de son côté, tenu parole ; elle avait été auprès de Sacramenta l’interprète de Julian, interprète assez favorablement écouté, assurait le pilote avec un malin sourire, puisque l’amoureux avait été invité par la jeune fille à prendre part aux fêtes de Manantial et à défier en son honneur le plus vaillant champion du village. — Ce que le pilote ne savait pas, c’est que la vieille Josefa, dans son désir de trouver un vengeur à son fils, avait également exalté la passion de Calros pour lancer ce dernier à la poursuite de Campos. Moi seul et Calros pouvions compléter les révélations de Ventura.

Cependant nous gardâmes le silence, moi parce que je craignais d’exciter encore par des consolations intempestives la jalousie de Catros, et celui-ci parce qu’une trop cruelle émotion remplissait son âme. Le pilote s’aperçut de notre préoccupation, et reprit en se tournant vers Calros :

— Mais j’y songe, c’est vous que mon ami Julian a défié ; c’est vous qui êtes sorti vainqueur de ce combat livré en l’honneur de doña Sacramenta. Eh bien ! dois-je vous le dire ? Julian m’a avoué que, même après sa défaite, il n’avait pas encore perdu toute espérance. C’est au point qu’il parle de quitter Medellin, et que vous le verrez un de ces jours venir s’installer à Manantial.