Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cliquetis de la monnaie de cuivre tous les termes techniques du monte, et se disputaient, avec une ardeur excitée par les liqueurs fortes, des piles de menue monnaie. Sous la triple inspiration du vin, des femmes et du jeu, l’orgie que je surprenais ainsi à son début paraissait devoir prendre rapidement un formidable essor ; mais ce qui me frappa le plus fut précisément l’objet qui semblait le moins préoccuper les assistants. Un jeune enfant, qui paraissait avoir atteint à peine sa septième année, était couché sur une table. À son front pâle, couvert de fleurs fanées par la chaleur d’une atmosphère étouffante, à ses yeux vitreux, à ses joues amaigries et plombées, déjà nuancées de tons violâtres, il était facile de voir que la vie s’était retirée de lui, et que depuis plusieurs jours peut-être il dormait du sommeil éternel. Au milieu des cris, des rires, du jeu, des conversations bruyantes, au milieu de ces hommes et de ces femmes qui riaient et chantaient comme des sauvages, l’aspect de ce petit cadavre était navrant. Les fleurs, les bijoux qui le couvraient, loin d’ôter à la mort sa lugubre solennité, ne faisaient que la rendre plus hideuse. Tel était l’asile que je devais à l’ingénieuse sollicitude de Perico.

Un silence général suivit notre entrée. Un homme, dans lequel j’eus bientôt reconnu le maître