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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/48

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de la maison et le père de l’enfant mort, se leva pour nous recevoir. Son front, loin d’être chargé de tristesse, semblait au contraire rayonner de contentement, et ce fut d’un air d’orgueil qu’il nous montra les nombreux hôtes réunis pour célébrer avec lui la mort de son fils, regardée comme une faveur du ciel, puisque Dieu avait daigné rappeler à lui le jeune enfant avant qu’il fût en âge de pécher. Il nous assura que nous étions les bienvenus dans sa maison, et que pour lui, en un jour semblable, les étrangers devenaient des amis. Grâce à la loquacité de Perico, j’étais devenu le point de mire de tous les regards. J’avais un personnage difficile à faire, Perico ayant cru devoir affirmer, à tous ceux qui voulaient l’entendre, qu’il était impossible de tuer tes gens de meilleure grâce que je n’avais fait. Pour m’élever à la hauteur de mon rôle, je me hâtai de mettre mes gants dans ma poche et d’affecter une assurance cavalière, persuadé qu’il était prudent de hurler avec les loups.

— Que pensez-vous du gîte que je vous ai trouvé ? me demanda Perico en se frottant les mains ; celui-là ne vaut-il pas mieux que celui que je pouvais vous offrir ? En outre, vous saurez maintenant ce qu’on appelle un velorio. C’est une ressource dans les soirées de tristesse ou de désœuvrement. Grâce à moi, vous acquerrez ainsi des titres