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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/54

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ces questions également embarrassantes, un bruit de pas, des murmures confus, vinrent tout à coup me distraire. Je m’effaçai derrière un des volets que je fermai, de manière à voir et à entendre sans être vu. Une demi-douzaine d’hommes ne tardèrent pas à déboucher d’une des ruelles qui s’ouvraient en face de la maison où je me trouvais. Celui qui marchait en tête était couvert d’un petit manteau court qui ne cachait qu’à demi le fourreau de son épée ; les autres tenaient à la main leurs lames nues. À leur allure timide, un Européen nouvellement débarqué les eût pris pour des malfaiteurs ; mais mon expérience ne se laissa pas mettre en défaut ; la justice pouvait seule avoir une contenance aussi craintive, et il me fut facile de reconnaître une ronde de nuit composée d’un régidor, d’un alcade auxiliaire et de quatre celedores.

Voto à brios ! dit l’homme au manteau, – sans doute un de ces agents auxiliaires, à la fois alcades et cabaretiers, qui hébergent les malfaiteurs pendant le jour, quitte à les poursuivre pendant la nuit ; — à quoi pense le seigneur préfet, en nous envoyant faire des rondes dans ces quartiers où jamais la justice n’a pénétré ? Je voudrais le voir chargé de cette besogne

— Il aurait soin d’apporter avec lui les armes à feu qu’on nous refuse, dit l’un des recors, qui pa-