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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/55

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raissait de tous le plus rassuré, car les criminels et malfaiteurs n’ont pas l’habitude de ne porter comme nous que des armes blanches, et celui qu’on nous a chargés de protéger en fera peut-être cette nuit l’expérience à ses dépens.

— Que diable dit l’alcade, quand on sait qu’on s’expose à être assassiné la nuit, on reste chez soi.

— Il y a de ces enragés que nulle crainte n’arrête, reprit un des recors ; mais, comme dit l’Évangile, celui qui cherche le danger y périra.

— Quelle heure peut-il être à présent ? reprit l’auxiliaire.

— Quatre heures, reprit un des recors et, levant les yeux vers la fenêtre derrière laquelle je me cachais, le même homme ajouta : J’envie le sort des gens qui passent si gaiement leur nuit dans cette tertulia.

En conversant ainsi, les celadores longeaient le parapet qui borde le canal. Tout à coup l’auxiliaire qui marchait en tête trébucha dans l’obscurité. Au même instant, un homme se dressa debout et de toute sa hauteur devant les gardes de nuit.

— Qui êtes-vous ? demanda l’alcade d’une voix qu’il essaya de rendre imposante.

— Que vous importe répliqua l’homme d’un ton non moins arrogant. Ne peut-on dormir dans les rues de la ville sans avoir à subir un interrogatoire ?