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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/56

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On dort chez soi… autant que possible, balbutia l’alcade visiblement intimidé.

L’individu, surpris en flagrant délit de vagabondage, fit entendre un sifflement aigu ; puis, repoussant l’alcade, il se jeta en courant dans la ruelle la plus voisine. À ma grande surprise, l’alcade et les celadores, en gens qui devinent un piège, s’éloignèrent dans une direction tout opposée, au lieu de le suivre. Presque en même temps, une main se posa sur mon épaule ; je tressaillis et me retournai. Perico et l’hôte à qui il m’avait présenté étaient devant moi.

— Voici un sifflement qui m’a tout l’air d’un appel de mon compère Navaja occupé à quelque expédition, s’écria le premier en se penchant vers la fenêtre, tandis que le second, les jambes chancelantes, les yeux avinés comme un homme qui a trop consciencieusement rempli ses devoirs de maître de maison, me présentait un verre plein d’une liqueur que sa main tremblante laissait déborder. Puis, avec la susceptibilité particulière aux gens ivres :

– On dirait vraiment, seigneur cavalier, me dit-il, que vous faites fi de la société des pauvres gens comme nous ; vous ne jouez pas, vous ne buvez pas, et cependant, pour certains cas de conscience, le jeu et l’eau-de-vie sont d’une grande ressource. Voyez,