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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/58

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L’orgie avait en ce moment atteint son paroxysme. Perico, entouré d’un groupe menaçant de joueurs dont sa veine, trop obstinément heureuse, avait excité les soupçons, cherchait, mais en vain, à se draper fièrement des lambeaux de son manteau olive déchiré en longues lanières sous les atteintes furieuses de ses adversaires. Les épithètes les plus injurieuses lui étaient prodiguées de toutes parts.

– Je suis un homme de bien, s’écriait impudemment le drôle, aussi vrai que vos façons discourtoises ont mis en lambeaux un des plus beaux manteaux que j’aie possédés.

– Effronté voleur, criait un joueur, ton manteau avait autant d’accrocs que ta conscience !

En tout autre endroit, reprit Perico, qui manœuvrait prudemment vers la porte, vous me rendriez raison de cette double injure. Seigneur cavalier, continua-t-il en m’appelant, soyez ma caution comme j’ai été la vôtre ; la moitié de mon gain vous appartient, c’est un gain loyal, et tout ceci n’est qu’une calomnie.

Je maudissais une fois de plus mon intimité avec Perico, quand un événement plus grave vint faire une diversion heureuse à la scène où je me voyais menacé d’être acteur. Un homme sortit précipitamment d’une des pièces les plus reculées de l’appartement. Sur ses pas, un autre individu s’élança le cou-