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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/68

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quelque tertulia de bas étage. Il pousse la sollicitude pour ses pénitentes jusqu’à diriger leur toilette, il donne des conseils très-goûtés sur l’achat d’une parure nouvelle ; il fait plus, il se charge lui-même de l’emplette, et on le voit fréquenter assidûment les magasins de modes, où son approbation est sans appel comme ses critiques. Le plus souvent, ce qui l’amène en pareils lieux, ce n’est pas une complaisance désintéressée : plus d’un de ces frivoles achats n’est qu’un tribut payé à la vie de famille dont le révérend père supporte les charges à condition d’en goûter clandestinement les joies. Excepté peut-être à son couvent, le moine est partout. Courses de taureaux, combats de coqs, jeux, spectacles, tout l’attire, tout lui est une occasion de faire admirer sa verve et son entrain. Et qu’on ne croie pas que ces mœurs faciles portent la moindre atteinte à l’autorité du prêtre et du directeur spirituel les Mexicains comprennent à merveille l’alliance de la dévotion et des plaisirs mondains. Quand le moine regagne le soir son couvent après une journée gaiement employée, il voit les passants attardés s’agenouiller devant lui avec le même respect que si le plus étrange contraste n’existait pas entre sa conduite et ses pieux discours.

Le caractère et les habitudes du moine mexicain étant connus, on ne s’étonnera pas trop de l’incident