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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/69

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qui me mit en relations avec un des plus joyeux membres de cette grande famille monastique, le révérend fray Serapio dont j’ai déjà parlé. La curiosité m’avait conduit à une fête populaire des environs de Mexico, la fête de San-Agustin de las Cuevas, petite ville à seize kilomètres de la capitale. Cette fête, pour laquelle Mexico est déserté pendant trois jours, réunit l’élite des joueurs mexicains, et quiconque n’y joue pas y est mal vu, j’avais donc suivi l’exemple que donnaient les nombreux amateurs de cartes attirés à San-Agustin, et je m’étais assis à une table de jeu. J’avais pour vis-à-vis un franciscain d’une taille athlétique, et je n’oublierai jamais sa figure basanée, son regard perçant, son front rasé couronné d’une touffe de cheveux crépus comme la crinière d’un bison. C’était un vrai soudard sous la robe d’un moine. Victime d’une veine obstinément contraire, je ne pus m’arrêter longtemps parmi les joueurs, et je me levai après avoir vu mon dernier enjeu disparaître dans la poche du moine. J’errai quelques instants dans les rues du village, poursuivi de tous côtés par le tintement des quadruples et des piastres, puis je remontai à cheval et je repris fort mélancoliquement le chemin de Mexico ; mais à peine étais-je à la moitié de la route, que je m’arrêtai fort embarrassé. Une barrière de péage s’élevait alors à mi-chemin entre Mexico et San-Agustin. Or, près