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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/71

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conseil. Les expédients les plus bouffons furent tour à tour proposés et rejetés. Après une assez longue délibération, il fut décidé qu’on franchirait la barrière au galop sans payer. — La première fois que nous repasserons, nous paierons double, dit le moine. Ce cas de conscience ainsi réglé, il piqua des deux ; je le suivis, et bientôt nous eûmes laissé derrière nous les gardiens du passage, auxquels un épais nuage de poussière dérobait nos chevaux lancés à bride abattue. On comprend qu’une fois à Mexico, nous ne nous séparâmes pas sans être convenus de nous revoir. Une partie de cartes, une espièglerie digne d’écoliers, c’étaient, on l’avouera, d’assez bizarres débuts, pour une liaison formée avec un moine.

Des relations ainsi commencées promettaient d’être piquantes, et peu de jours après cette rencontre je me dirigeai vers le couvent de San-Francisco, qu’habitait mon compagnon d’aventures. Après cette première visite, je revins souvent, d’abord pour le franciscain, puis pour le couvent même, un des plus beaux du Mexique. Fray Serapio, il faut le dire, était rarement dans sa cellule ; mais son amitié m’assurait toujours un bon accueil dans le monastère dont la bibliothèque offrait à mes recherches d’inépuisables trésors. La vie claustrale se montra ainsi à moi tour à tour facile et riante sous les traits joyeux