Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette nature sauvage et à la lueur des éclairs de plus en plus fréquents, nous ressemblions plutôt à des contrebandiers en campagne qu’à des promeneurs en route pour une excursion joyeuse.

Nous avions déjà dépassé le village de Tacubaya, déjà nous étions engagés sur le chemin montueux qui même à Toluca, et je ne savais pas encore où l’on me conduisait ; peu m’importait d’ailleurs, pourvu que nous puissions atteindre le but de ce voyage nocturne avant l’explosion de l’orage, qui s’annonçait par de lointains roulements de tonnerre. Bientôt nous atteignîmes une éminence, qui s’élevait à la lisière d’une forêt de sapins. Là, nous dûmes faire halte pour laisser un instant souffler nos chevaux. Les tourbillons de poussière que nous venions d’avaler nous faisaient sentir d’ailleurs le besoin de nous rafraîchir. Une outre remplie d’un vin de Valdepeñas, que l’officier don Blas portait à l’arçon de sa selle et qui passa successivement de main en main, servit pour le moment à étancher la soif ardente qui tourmentait chacun de nous. Je profitai de ce moment de répit pour interroger de nouveau mes compagnons de route sur le but de notre excursion. L’étudiant en théologie se chargea de satisfaire ma curiosité.

— Je suis invité, me dit-il, à passer mes vacances de Pâques dans l’hacienda d’un de mes amis, à une