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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/88

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douzaine de lieues d’ici j’ai pensé qu’il ne lui serait pas désagréable de recevoir quelques hôtes de plus, et je ne doute pas que vous ne soyez les bien-venus à l’hacienda.

De son côté, le seigneur don Romulo n’était pas fâché de laisser se calmer, pendant son absence, l’agitation causée par un pamphlet assez violent qu’il venait de lancer contre le gouvernement de la république ; puis, sachant que les ruines d’un couvent célèbre, le Desierto, se trouvaient sur notre route, il était bien aise de les visiter en passant. L’officier espérait en outre ne rencontrer dans le Desierto ou à l’hacienda aucun de ses nombreux créanciers, et était disposé à se plaire partout où ils ne seraient pas. Quand à fray Serapio, il me confia que, hors d’état pour le moment d’acheter un nouvel habit de religieux, il avait accepté avec empressement l’invitation de son ami don Diego Mercado.

— J’avais cependant retiré cent piastres de mon vieux froc, ajouta mélancoliquement le franciscain, qui venait de porter une seconde fois à ses lèvres l’outre de Valdepeñas.

— Voilà où vous mène votre charité, dis-je à fray Serapio ; vous les aurez distribuées en aumônes.

Mon cher ! (c’étaient les seuls mots français que fray Serapio sût prononcer, et il les plaçait par