Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Blas donna contre la porte un coup de sabre si furieux que l’hôte, intimidé, laissa tomber la chaîne ; puis, s’excusant sur la dureté des temps, qui mettait tant de malfaiteurs en campagne, il nous conduisit dans une chambre qui ressemblait fort à une écurie.

— J’espère, s’écria don Romulo en portant son mouchoir à son nez, que nous ne passerons pas la nuit dans ce bouge infect !

— Vous êtes difficile, mon cher, répondit fray Serapio ; cette chambre me semble fort convenable.

En dépit de cette assertion, il fut décidé qu’aussitôt l’orage passé nous remonterions à cheval. Nous restâmes donc sur pied en attendant que nous puissions continuer notre route afin d’arriver le plus tôt possible à l’hacienda, où une réception plus hospitalière nous était promise. Je pensai que cette halte était une occasion favorable pour demander à fray Serapio quelques détails sur le moine mystérieux que j’avais rencontré dans le jardin de San-Francisco. À ma première question : — Je devine de qui vous voulez parler, répondit-il en secouant la tête ; c’est fray Epigmenio que vous avez vu sous la tonnelle, dans le jardin du couvent, dont il est avec vous le seul visiteur. Un procès avec l’inquisition a tourné la tête de ce malheureux, et depuis cinquante ans sa vie n’est qu’une longue pénitence.

– Eh bien je vous l’avouerai franchement, re-