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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/92

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pris-je, j’avais pressenti dans la vie de cet homme quelque douloureux mystère. C’est sur vous que je comptais pour le pénétrer ; c’est vous que je cherchais quand le hasard nous a réunis dans les allées de la Viga.

Le moine allait répliquer, quand un bruit extraordinaire se fit dans la cour de la posada, que des torches éclairèrent d’une lueur rougeâtre. Presque en même temps un homme, qu’à sa figure cuivrée et à son costume on reconnaissait pour un Indien, entra, suivi de plusieurs habitants du village, brandissant les uns des torches, les autres des bâtons noueux. Quelques-uns portaient même des arcs et des flèches dans des carquois de jonc tressé. L’Indien qui paraissait le chef de la troupe s’avança vers nous et nous prévint, en assez mauvais espagnol, que, notre entrée bruyante ayant jeté le trouble dans le village, l’alcade désirait nous voir un instant.

— Et si nous ne voulons pas voir l’alcade ? répondit l’officier.

— Vous viendrez chez lui de force, dit l’Indien en nous montrant du doigt son escorte armée. Ce geste en disait assez, et il ne fallait pas songer à la résistance, car les ministres de la justice indienne s’étaient d’avance emparés prudemment de nos chevaux et de nos armes. Nous nous regardâmes d’un air assez mélancolique. Les Indiens qui se