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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/93

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gouvernaient dans leurs villages d’après les lois de la république, et pouvaient même élire parmi leurs frères de race leurs magistrats municipaux, étaient impitoyables pour les délits commis par des Mexicains sur le territoire. Ils leur avaient, en pareil cas, la pire de toutes les cruautés, la cruauté du faible. Nous n’essayâmes point de lutter contre ces alguazils aux jambes nues et aux longs cheveux. Nous les suivîmes docilement vers la maison de l’alcade.

— Prenez patience, me dit à voix basse fray Serapio, pendant le trajet. À défaut de l’histoire de fray Epigmenio, que je vous conterai tôt ou tard, vous allez avoir un spectacle. Si je ne me trompe, nous sommes tombés dans ce maudit village à l’heure où les Indiens célèbrent à leur façon les fêtes de la semaine sainte. La maison de l’alcade est un des buts ordinaires de leurs processions nocturnes.

J’avais souvent entendu parler de ces singulières cérémonies, où des restes de l’idolâtre indienne se mêlaient aux pratiques du catholicisme. Au moment même où j’allais répondre à fray Serapio, des sons mélancoliques et monotones vinrent frapper nos oreilles. Les accents plaintifs de la flûte de roseau nommée par les Indiens chirimia, se mêlaient tristement au bruit de plusieurs tambours frappés d’un seul coup à intervalles égaux.

– Il y a trois cents ans, me dit à l’oreille don