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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/89

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— Non, Marthe, ce n’est rien. Tenez, coupez cette grappe, je la tiens.

Mais sa main tremblait tellement que la grappe tomba et s’écrasa, teignant de rouge les pierres. Je la ramassai sans qu’elle y fît attention.

Tout d’un coup elle porta la main à son front :

— Je suis fatiguée, dit-elle, nous ferons cela un autre jour.

Je la suivis à travers le jardin, jusqu’à la porte du vestibule. En entrant elle donna l’ordre d’atteler sur-le-champ.

— Je vous ramènerai chez vous, Marthe ; je vais au village.

Or le village était situé à une demi-lieue environ du château, ce n’était qu’une réunion de chaumières. Il n’y avait que trois bonnes maisons : celle du boucher, celle du boulanger et l’école. Madame Rochdale traversait rarement Thorpe en voiture, encore moins s’y arrêtait-elle.

Elle s’arrêta cette fois pour faire dire quelque chose à l’école, puis s’adressant au domestique :

— Allez, dit-elle, chez le boulanger.

Le vieux Jean tressaillit, il toucha vivement son chapeau, je le vis chuchoter sur le siège avec le cocher. Je devinais bien pourquoi.

— Chez le boulanger, madame Rochdale ? Ne