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Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/80

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CONSTANTINOPLE.

autres ambassades se contentent d’une apparence plus modeste. La tour de Galata, quartier occupé par le commerce franc, s’élève du milieu des maisons, coiffée d’un bonnet pointu de cuivre vert-de-grisé, et domine les anciennes murailles génoises tombant en ruines à ses pieds. Péra, la résidence des Européens, étage au sommet de la colline ses cyprès et ses maisons de pierre, qui contrastent avec les baraques de bois turques et s’étendent jusqu’au grand champ des Morts.

La pointe du Sérail forme l’autre cap, et sur cette rive se déploie la ville de Constantinople proprement dite. Jamais ligne plus magnifiquement accidentée n’ondula entre le ciel et l’eau : le sol s’élève à partir de la mer, et les constructions se présentent en amphithéâtre, les mosquées, dépassant cet océan de verdure et de maisons de toutes couleurs, arrondissent leurs coupoles bleuâtres et dardent leurs minarets blancs entourés de balcons et terminés par une pointe aiguë dans le ciel clair du matin, et donnent à la ville une physionomie orientale et féerique à laquelle contribue beaucoup la lueur argentée qui baigne leurs contours vaporeux. Un voisin officieux nous les nomme par ordre en partant du Sérail et en remontant vers le fond de la Corne-d’Or : Sainte-Sophie, Saint-Iréné, Sultan-Achmet, Osmanieh, Sultan-Bayezid, Solimanieh, Sedja-Djamissi, Sultan-Mohammed II, Sultan-Sélim. Au milieu de tous ces minarets, derrière la mosquée de Bayezid, se dresse, à une prodigieuse hauteur, la tour du Séraskier, d’où l’on signale les incendies.

Trois ponts de bateaux rejoignent les deux rives de la Corne-d’Or, et permettent une communication incessante entre la ville turque et ses faubourgs aux populations bigarrées. — La principale rue de Galata aboutit au premier de ces points. Mais n’anticipons pas sur ces détails, qui viendront à leur place, et bornons-nous à l’aspect général.