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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/301

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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

grandes machines mythologiques qu’on leur préférait alors.

La Chambre du débauché est la plus chaude, la plus libre et la plus amusante pochade que puisse imaginer la fantaisie travaillant d’après nature. Quelle verve espagnole et picaresque dans ces détails de burlesque misère ! quelle force de couleur, quelle justesse de ton, quelle franchise de touche ! Comme tout cela est plein d’esprit, de ragoût et d’humour ! La langue française que l’on dit si bégueule, arrive là à rendre avec une intensité étonnante une foule d’objets indescriptibles, et qu’un mot hardi va chercher comme une paillette de lumière sous les glacis bitumineux des fonds.

Quel caprice à la Callot que cette caricature de poète crotté ! La pointe du graveur Lorrain n’eût pas égratigné d’un trait plus vif sur le vernis noir cette silhouette ridicule ! Le cuistre, le bohème et le capitan se fondent dans cette figure falote de la manière la plus bouffonne et la plus réjouissante. Au reste, nulle méchanceté ne tache de son fiel cette charge de bon aloi et d’une extravagance joyeusement en dehors du possible, malgré sa vérité aisément reconnaissable.

C’est aussi une pièce de franche originalité que la boutade où le poète drape Rome de la belle manière et, sans respect pour les enthousiasmes de commande, fait de la ville éternelle une critique dont beaucoup