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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/103

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tin quand elle l’avait senti contre ses fesses, la nuit de l’aventure du prie-dieu, m’en avait promis autant si je voulais le lui procurer encore. J’y consentis. Elle se coucha sur le ventre, j’agissais : nous nous animâmes de façon qu’à force de chercher à nous le procurer à toutes deux en même temps, l’agitation nous fit trouver l’une la tête au chevet du lit, et l’autre la tête au pied.

Dans cette situation, nous nous rapprochâmes ; l’une de mes cuisses était sur le ventre de Monique, et l’autre sous ses fesses : mon ventre et mes fesses étaient de même entre ses cuisses ; étroitement collées l’une contre l’autre, nous nous pressions en soupirant, nous nous frottions réciproquement, nous nous répandions à chaque instant. Les sources de notre plaisir, gonflées par un jaillissement continuel, et qui n’avait d’autre issue que de passer de l’une dans l’autre, étaient comme deux réservoirs de délices où nous mourions plongées sans sentiment, où nous ne ressuscitions que par l’excès du ravissement. L’épuisement seul mit fin à nos transports. Enchantées l’une de l’autre, nous ne nous quittâmes qu’en nous promettant de recoucher ensemble le lendemain. Elle y revint et me rendit encore plus savante à cette seconde entrevue. Ces nuits charmantes n’ont été interrompues que par ma sortie du couvent pour venir ici.

Ce que Suzon venait de me raconter avait si fort agi sur mon imagination, que je n’avais pu refuser à l’énergie de ses discours des marques de sensibilité relatives au sujet. Quoique j’eusse affecté de vouloir lui dérober la vue des larmes qu’elle m’arrachait, le plaisir de les répandre, les regards passionnés que je jetais sur elle en les répandant, m’avaient trahi ; elle s’était aperçue de mes mouvements ; mais, charmée d’avoir

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