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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/106

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pour son tempérament, et que ce plaisir n’aurait pas moins d’empire sur son cœur que sur celui de ces filles tendres que l’empressement des hommes érigeait en idoles publiques.

— Je crois, ajoutai-je, que la sœur Monique irait là aussi volontiers que son frère.

— Je t’en réponds, me dit-elle ; cette pauvre fille aime les hommes à la fureur ; l’idée seule l’en enchante.

— Et toi, petite friponne, tu ne les aimes donc pas ?

— Je ne te cache pas, me répondit-elle, que je les aimerais si ce qu’on fait avec eux n’était pas si dangereux.

— Tu le crois ? lui dis-je ; il ne l’est pas tant que tu le penses. Va, Suzon, pour faire cela avec une femme, elle ne devient pas toujours grosse. Vois, ajoutai-je, cette dame qui est notre voisine : il y a longtemps qu’elle est mariée, elle le fait avec son mari, et cependant elle n’a pas d’enfants. Cet exemple parut l’ébranler. Écoute, ma chère Suzon, poursuivis-je, et comme inspiré par une intelligence au-dessus de mon âge, qui me faisait pénétrer dans les mystères de la nature, la Sœur Monique t’a dit que quand Martin lui mettait, elle était toute remplie de ce qu’il lui donnait : c’était sans doute ce qui lui avait fait un enfant.

— Eh bien, dit Suzon, en me regardant fixement, et cherchant dans mes yeux un moyen de satisfaire son envie sans s’exposer aux hasards, que veux-tu dire par là ?

— Ce que je veux dire, repris-je, c’est que si c’est ce que l’homme répand qui produit cet effet, on peut l’empêcher en se retirant, quand on sent que cela va venir.

— Eh ! le peut-on faire ? interrompit vivement Suzon. N’as-tu jamais vu deux chiens l’un sur l’autre ? On a