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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/123

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au plus tôt, me dit de me remettre sous le lit et courut pour empêcher que les choses ne fussent poussées plus loin.

À peine eut-elle le dos tourné, que je volai au trou. J’aperçus le moine qui tenait dans ses bras Suzon qui s’était rhabillée, mais dont le cotillon et la chemise étaient levés. La jaquette du moine l’était aussi et je jugeai que le bruit ne venait que de l’extrême grosseur du membre de sa Révérence, qui faisait sans doute des efforts inutiles pour le faire entrer dans un endroit qui n’était pas fait pour lui. Le débat finit à l’aspect de Toinette ; elle fondit sur les combattants, et arrachant Suzon des bras de l’incestueux Célestin, lui donna, avec deux ou trois soufflets, la liberté de sortir. Il semblait que l’action vigoureuse que Toinette venait de faire l’eût épuisée et qu’il ne lui restât plus assez de force pour marquer son mécontentement au Père Polycarpe : elle le regardait tout essoufflée. Un moine ne manque guère d’impudence ; cependant celle du Père ne tint pas contre la honte d’avoir été surpris en flagrant délit, peut-être contre la crainte des reproches dont il croyait que Toinette allait l’accabler, ou plutôt contre l’idée d’infamie dont il croyait qu’un moine devait être noté, quand il entreprenait d’exploiter une fille sans en venir à bout. Il rougissait ; il pâlissait, et n’osait presque regarder Toinette qui, de son côté, paraissait agitée des mêmes mouvements.

Moi, de mon trou, je les examinais attentivement et je m’attendais à être bientôt spectateur de quelque crise violente : je le craignais. Que je les connaissais peu l’un et l’autre ! Le moine paraissait confus, mais il ne débandait pas : un moine débande-t-il jamais ? Toinette paraissait furieuse, mais elle regardait le vit du moine :