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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/124

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son faible était toujours de sacrifier toute sa colère à cette vue. Mon exemple devait m’avoir préparé à lui voir une pareille indulgence pour le Père : le raccommodement fut bientôt fait. Le moine s’approcha d’elle, et j’entendis qu’il lui disait, en lui mettant en main son joyeux aiguillon :

— Si je n’ai pu foutre la fille, du moins je foutrai la mère.

Oh ! pour cette insulte, Toinette était toujours disposée à la lui pardonner ; elle s’offrit même de bonne grâce pour victime à la fureur amoureuse du moine ; il la saisit, il l’embrassa, et tombant l’un sur l’autre sur les débris de mon lit, ils scellèrent réconciliation par une copieuse décharge ; du moins j’eus lieu de le juger aux transports du Père et aux serrements de cul de Toinette.

Pendant ce temps-là, allez-vous demander, que faisait ce petit bougre de Saturnin ? Se contentait-il de regarder comme un sot par le trou, sans se joindre du moins en idées, aux caresses des deux champions ? Belle demande ! Saturnin était nu, il était encore en feu des caresses que Toinette lui avaient faites ; le spectacle qu’il avait devant les yeux l’échauffait encore : que voulez-vous qu’il fît ? Il se branlait ; il enrageait de voir le moine sur Toinette sans en pouvoir tirer sa part, et le petit coquin déchargeait au moment que madame sa mère serrait le cul et que le Père se pâmait. Vous voilà instruit ; revenons à nos gens.

— Eh bien, dit le moine, trouves-tu que je fasse cela aussi bien que Saturnin ?

— Que Saturnin ! répondit-elle ; moi, j’ai fait quelque chose avec Saturnin ? Bon ! le petit fripon n’a-t-il pas été se cacher sous le lit où il est encore ? Mais patience,