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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/125

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laissez venir Ambroise, les étrivières ne lui manqueront pas ; il les aura, et de la bonne façon !

J’écoutais ce colloque : jugez si une pareille promesse dut me faire plaisir ! Je redoublai mon attention, et j’entendis le Père qui répliquait :

— Là, là, Toinette, ne nous fâchons pas ; vous savez qu’il ne doit pas toujours demeurer ici ; il est assez grand à présent, n’est-il pas vrai ? Je veux l’emmener quand je partirai.

— Mais, reprit Toinette, vous ne songez pas que si ce petit coquin-là reste ici, nous ne pourrions plus rien faire ? Cela a de la langue et je me doute presque qu’il nous a découverts. Tenez justement ! poursuivit-elle en apercevant le trou de la cloison. Ah ! mon Dieu ! je n’avais pas encore remarqué ce trou. Il aura tout vu par là, le petit chien !

Je jugeai qu’elle allait venir vérifier son doute, et vite je me refourrai sous le lit, d’où je n’eus garde de sortir une seconde fois, quelque envie que j’eusse d’entendre le reste d’une conversation qui commençait à m’intéresser si fort. Je me tins clos et couvert, et j’attendis avec impatience le résultat de leurs discours. Je n’attendis pas longtemps. On vint bientôt me tirer de ma prison ; j’entendis ouvrir la porte, je tremblais que ce ne fut Ambroise. S’il m’avait vu là, quelle jolie scène pour moi ! C’était Toinette qui m’apportait mes habits et qui me dit de m’habiller au plus tôt. Je ne la regardais que de travers, après ce que je lui avais ouï dire à mon sujet. Je me hâtai de faire ce qu’elle me disait, mais je bravais ses menaces. Je remarquai qu’elle achevait de s’habiller aussi, et qu’elle se mettait même sur son propre. J’eus bientôt fait de mon côté, elle eût bientôt fait du sien.

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