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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/129

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sieur le curé qu’en nom collectif ; apportait-on de quoi dire une messe :

— Nous vous la dirons !

Donnait-on quelque chose de moins :

— Nous ne pouvons pas vous en dire pour ce prix-là !

— Eh ! madame Françoise (Madame gros comme le bras : elle se serait offensée qu’on n’eût pas mis cette honorable qualité à la tête de son nom), eh ! madame Françoise, je n’ai pas davantage !

— Néant ! Comment donc, vous croyez apparemment qu’on nous donne cela à nous ! Il nous faut du vin, il nous faut des cierges ; et notre peine, la comptez-vous pour rien ?

À l’ombre de l’union qui régnait entre madame Françoise et monsieur le curé, croissait une fille, soi-disante nièce du pasteur, mais qui lui appartenait de plus près que par la qualité de nièce. C’était une grosse joufflue, un peu picotée de petite vérole, mais fort blanche et une gorge adorable ; un nez tirant sur celui de monsieur le curé, aux rubis près qu’elle n’avait pas encore, mais beaucoup de disposition à en avoir un jour ; des yeux petits, mais ardents. Il n’aurait tenu qu’à elle de passer pour rousse, si elle n’avait pas ouï dire que c’était une couleur proscrite et que le blond était plus séant pour les belles ; comme elle croyait l’être, elle en prenait les attitudes. Ce n’est pas que le blond ou le roux eussent fort inquiété certain grand coquin d’écolier de philosophie qui venait de temps en temps passer huit ou dix jours au presbytère, et qui y venait moins par amitié pour monsieur le curé que pour sa charmante nièce, que le maraud serrait de près, et de si près que…