ressés reconnurent bientôt le motif. Elle recouvrit adroitement
un endroit dont la vue avait fait tout l’effet qu’elle
en espérait. Je lui pris d’un air timide une main qu’elle
m’abandonna sans résistance ; je la baisai avec transport ;
mes yeux, que je fixai sur elle, étaient enflammés,
les siens étaient brillants et animés. Les choses se disposaient
à merveille ; mais il était écrit que les plus
belles occasions s’offriraient sans que je pusse en profiter.
Cette maudite femme de chambre que l’on avait
dit à Suzon d’avertir, arriva dans le temps qu’on n’avait
guère besoin d’elle. Je lâchai promptement la main que
je tenais, la soubrette entra en riant comme une folle ;
elle se tint un moment à la porte, pour se dédommager,
par l’abondance de ses éclats, de la gêne que la présence
de sa maîtresse allait leur faire.
— Qu’avez-vous donc, extravagante ? lui dit madame Dinville d’un air sec.
— Ah ! madame répondit-elle, monsieur l’abbé…
— Eh bien, qu’a-t-il fait ? reprit sa maîtresse.
Dans le moment rentra l’abbé en se cachant le visage avec son mouchoir. Les ris de la suivante augmentèrent à sa vue.
— Qu’avez-vous donc ? lui demanda madame Dinville.
— Vous voyez mon visage, répondit-il, en nous découvrant un visage qui paraissait sortir d’un violent assaut, voilà l’ouvrage de mademoiselle Suzon.
— De Suzon ? reprit madame Dinville, en éclatant à son tour.
— Voilà ce que coûte un baiser, poursuivit-il froidement ; ce n’est pas l’acheter trop cher, comme vous voyez.
Je ne pus m’empêcher de rire comme les autres de l’air aisé dont l’abbé nous parlait de son malheur. Il