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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/179

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n’avoir eus qu’avec Françoise, parce que c’était autant de diminué sur ceux que j’allais goûter avec Nicole. Je me mis bientôt en état de récompenser le temps perdu.

— Ma chère Nicole, lui dis-je en la baisant tendrement et en tâchant de contrefaire la voix de l’abbé, de quoi t’occupes-tu ? Peux-tu te laisser aller à la tristesse, quand l’heureux hasard qui nous rassemble veut que nous nous livrions à tout notre amour ? Foutons, ma chère enfant, noyons notre malheur dans le foutre !

— Que tu me fais de plaisir, me répliqua-t-elle en répondant à mes caresses. Ta douleur augmentait la mienne. Oui, profitons du seul moyen que nous ayons de nous consoler. Arrive tout ce qui pourra, tant que j’aurai cela dans la main, continua-t-elle en me prenant le vit, je ne craindrai pas la mort même. N’appréhende pas qu’on vienne nous interrompre, j’ai retiré la clef : ils ne peuvent entrer qu’en jetant la porte en dedans.

Charmé de cette heureuse précaution, qu’il semblait que l’amour même, qui prenait soin de mes intérêts, lui eût inspirée, je la caressai avec un nouveau plaisir. Mon vit, qu’elle tenait toujours dans sa main, était d’une roideur qui l’enchantait.

— Vite donc, lui dis-je, mets-le dans ton cher conin ! Nicole, que tu me fais languir !

Elle ne se pressait pas, elle continuait de serrer mon vit, et paraissait surprise de sa grosseur, qu’elle prenait pour l’effet de ses caresses. Je voulus le mettre moi-même.

— Attends, mon cher ami, me répondit-elle en me pressant dans ses bras ; laisse-le devenir encore plus gros et plus long. Ah ! je ne l’ai jamais vu si beau : est-il augmenté cette nuit !

L’abbé n’était pas apparemment si bien partagé que moi des dons de la nature. J’aurais ri de la pensée de Nicole

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