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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/216

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éblouissante : la plus belle tête du monde, des yeux grands, bleus et bien fendus. La passion les rendait tendres et mourants, mais ils étaient vifs et brillants dans le plaisir. Ajoutez une gorge ferme et bien remplie, des tétons qui formaient, en s’élevant au-dessus du corset, un contour régulier, dont la chaleur, dont les mouvements précipités charmaient les yeux, quand on se contentait de les regarder, et enflammaient quand on y touchait.

L’exhortation du Prieur n’avait pas prévenu mes désirs ; Gabrielle les avait excités : elle se prêta galamment à les satisfaire.

— Viens, mon roi, me dit-elle, viens, je veux avoir ton pucelage ; viens le perdre dans un endroit où tu as reçu la vie !

Ce mot me fit trembler. Sans être devenu plus vertueux, j’avais acquis chez les moines des connaissances qui ne me permettaient pas d’être avec Gabrielle ce que j’avais autrefois été avec Toinette.

J’étais prêt à enconner. Un reste de honte m’arrêta sur le bord du précipice : je reculai.

— Ah ! ciel, dit Gabrielle en se relevant, est-il possible que ce soit là mon fils ? Ai-je pu mettre au monde un lâche tel que lui ? Quoi ! Foutre sa mère lui fait peur ?

— Ma chère Gabrielle, lui dis-je en l’embrassant, contentez-vous de mon amour ; si vous n’étiez pas ma mère, je ferais mon bonheur de vous posséder ; mais respectez une faiblesse qu’il me serait impossible de vaincre.

L’apparence même de la vertu est respectable aux cœurs les plus corrompus et les plus libertins. Mon action trouva des partisans parmi nos moines ; ils con-